jeudi 3 octobre 2013

Critique #112 : Modesty Blaise Volume 6


Nous allons nous intéresser aujourd'hui au sixième tome des aventures de Modesty Blaise. Sixième tome grâce auquel nous attaquons la huitième année de publication de strip. Et surtout, sixième tome très important dans la vie de ce comic strip car il est le témoin du premier changement majeur de l'équipe créative aux commandes...


Comme pour les précédents tomes, celui-ci nous propose de lire trois nouvelles aventures complètes de Modesty Blaise. La première, intitulée The Hell Makers, nous propose de suivre Modesty dans sa tentative de libération de son ami Willie Garvin; ce dernier ayant été kidnappé par un groupe de criminel qui cherchait un moyen de pression sur notre héroïne. Dans Take-Over, Modesty et Willie vont prêter main forte aux autorités pour déjouer les plans d'un syndicat du crime venu s'installer en Angleterre. La troisième et dernière histoire, The War-Lords of Phoenix, nous emmènera dans les contrées lointaines d'Asie (avec un passage au Japon). Dans le but d'aider un ami de longue date, notre duo préféré se retrouver à enquêter et infiltrer un dangereux réseau de criminel.


Avec ce sixième tome, nous venons donc de franchir le cap des huit années de publication de ce comic strip. Et il faut reconnaître que la qualité des histoires et du dessin n'a pas faibli d'un iota. Les trois histoires contenues dans ce tome sont toutes très intéressantes. La première et la dernière plus que la seconde. Take-Over est en effet une bonne histoire où l'on peut constater une nouvelle fois que la relation de confiance entre Modesty et Willie est probablement une des plus fascinantes que j'ai eu l'occasion de lire en bande dessinée. C'est une bonne histoire. Mais en comparaison avec les deux autres, celle-ci est un ton en dessous. The Hell Makers est une excellente histoire où là encore on peut voir que Modesty et Willie ont une relation qui dépasse l'amour "normal" qu'il pourrait y avoir entre deux amis ou deux amants. C'est plus que cela. Cette histoire touche encore plus Modesty car elle implique une composante de stupéfiants qu'elle hait par dessus tout. Elle sera prête à tout pour sauver Willie. Enfin dans The War-Lords of Phoenix, le prétexte à cette aventure est une histoire d'amitié qui unit Modesty à un de ses sensei (grand maître des Arts martiaux). Cela pourrait déjà être une raison suffisante pour une histoire intéressante. Mais ici, le point que j'ai trouvé vraiment original est le but ultime de l'organisation du Phoenix. Ils sont en effet convaincus que le monde va s'effondrer. Et du chaos qui en résultera, ils pensent que leur organisation, constituée de "super soldats", les mènera à devenir la puissance nécessaire pour diriger le monde. Cette approche m'a captivé. On est loin de l'organisation de base qui veut juste se faire de l'argent en commettant des actes délictueux.


Comme toujours, le style graphique de ce comic strip est particulièrement splendide. Le trait de Jim Holdaway est fluide. Que ce soit sa gestion des noirs et blancs ou qu'il soit question de son utilisation des hachures, c'est parfait. Malheureusement, nous vivons dans un monde cruel. Ce sixième restera pour toujours une pierre angulaire du comic strip Modesty Blaise car il contient les derniers strips dessinés par Jim Holdaway, subitement décédé à l'âge de 43 ans. On pouvait craindre que l'artiste qui lui succéderait aurait du mal à tenir la comparaison. C'est Enrique Romero Badia qui fut choisit pour le remplacer. Et force est de reconnaître que ce fut un choix brillant. Je vous ai déjà parlé de cet artiste grâce à son oeuvre Axa (vous pourrez retrouver une critique du second album dans la section "Critique VF"). J'ai particulièrement été impressionné de voir que Romero s'est si vite adapté au "style Holdaway". Il a réussi à garder les traits des différents personnages. Son style est quasiment aussi fluide que celui de son prédécesseur. Ses panels sont dynamiques. Sa gestion des noirs et blanc (et des hachures) est excellente. C'est tel qu'il m'a fallu quelques instants pour trouver quand commençait son travail. Il a réussi à se couler dans le moule sans problème.


D'un point de vue éditorial, Titan Books continue de nous proposer une très bonne édition. Vous aurez le droit en guise d'amuse-bouche à une introduction Max Allan Collins. Vient ensuite un papier de Peter O'Donnell lui-même racontant ce difficile moment qu'a été la disparition de son ami et collègue Jim Holdaway ainsi que le challenge qu'a été de trouver un artiste qui pourrait être à la hauteur. Ensuite, nous avons le plaisir d'admirer deux pages de dessins signés Jim Holdaway, dessins qui ont servi pour un roman sur Modesty Blaise. Enfin, ce tome contient un extrait d'une interview de Peter O'Donnell datant de 1973 dans laquelle l'auteur revient sur Romeo Brown et Modesty Blaise.


La lecture de ces quelques lignes ne vous laissera sans doute pas dans le brouillard en ce qui concerne mon avis sur ce volume : je l'ai beaucoup aimé. Modesty Blaise reste une de mes lectures préférées. Savoir qu'il me reste des histoires à découvrir sur cet univers me réjouit au plus haut point.


Intérêt global : /5
Qualité de l'édition : /5

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